Vodun

La religion vaudou se distingue par son engagement en faveur de l’harmonie entre les mondes visible et invisible, ainsi que les multiples aspects de la vie, incluant la nature et la culture. Profondément enracinée dans les traditions des peuples Aja-Tado, englobant le continuum dialectal Gbe et K’aaro, le vaudou représente le terme générique pour les énergies vibratoires créées par Mahu (Olodumare ou ɔ̀lɔrun ́ en yoruba), désigné comme Nu e ma hugan : « ce que nul ne peut dépasser, l’Insurpassable, le Suprême ». Ces énergies sont investies du pouvoir de guider les êtres humains dans leurs questionnements existentiels.

Le panthéon vaudou comprend plusieurs types de divinités : les voduns cardinaux (Hunsuzɛn), ceux basés sur les éléments de la Nature (Terre : Sakpata ; Feu : Xɛvioso ; Eau : Tɔxɔsu ; Air : Dan), les voduns masqués (Egungun, Zangbetɔ, Gɛlɛdɛ…), les voduns non masqués, les Ta Vodun (ceux qui sont portés sur la tête ou sur les épaules)…

Le terme « vodunsi » désigne le ou la fidèle du vaudou. Il s’agit d’une personne qui, initiée au vaudou, pratique activement cette religion. Son rôle est fondamental dans la préservation des pratiques et des connaissances liées à la religion vaudou, contribuant ainsi à la transmission de cette tradition séculaire au sein de la communauté.

Tout comme Gɛ̀lɛ̀ɖɛ, l’UNESCO a déclaré le Fá (Ifá) comme étant un « Patrimoine Culturel Immatériel de l’humanité » depuis 2005 et l’a inscrit en tant que tel en 2008. Le Fá est considéré comme un message d’Olódùmarè ou de Mahu (Dieu Suprême selon l’appellation yoruba et dans le continuum dialectal Gbè). Il représente la Sagesse Universelle, la Connaissance totale, une forme de Savoir encyclopédique. Cependant, ce Savoir encyclopédique n’est accessible qu’au seul ɔ̀rúnmìlà (Puissance Spirituelle Souveraine régissant la divination) car il a été le « témoin de la destinée » de tout ce qui existe. Ainsi, ɔ̀rúnmìlà agit comme un intermédiaire, le seul médium capable de s’élever vers le Fá pour trouver, comme dans une immense bibliothèque, les réponses aux préoccupations humaines.

Pour que ɔ̀rúnmìlà soit sollicité pour aller vers le Fá, le Bòkɔń ɔ́ou Babalawo doit manipuler les noix sacrées, qui représentent les archétypes d’ɔ̀rúnmìlà, ou bien le ɔ̀kpɛ̀lɛ̀, la chaîne divinatoire faite en corde ou en métal.

Le Fá représente donc la Sagesse divine ou la Parole d’Olódùmarè, à laquelle il est difficile pour les humains de s’adresser directement. Cette Sagesse est confiée à ɔ̀rúnmìlà, qui est le seul à pouvoir y avoir accès. C’est à ɔ̀rúnmìlà que les Babalawo ou Bòkɔń ɔ̀s’adressent lorsqu’ils sont sollicités par les consultants afin de recueillir la réponse d’Olódùmarè par l’intermédiaire du Fá. Le Fá est donc utilisé comme un système de divination, représenté par un ensemble de signes appelés Fádu, interprétés par le Bòkɔń ɔ́ à travers le ɔ̀kpɛ̀lɛ̀ (ou Ákplɛ̀).

L’alphabet du Fá est composé de 16 lettres, dont la répétition (de la même lettre) donne un signe : le Fádù, c’est-à-dire une division du Fá. Il existe 16 Fádù cardinaux à partir desquels dérivent 240 autres, totalisant ainsi 256 Fádù qui génèrent chacun un nombre infini de paroles dans chacun des langages (Fágbèsìsa, Fáglèta et Fáhàn) qui les constituent. Ces Fádù portent toutes les informations de la métaphysique ontologique de l’individu, que ce dernier découvrira dans la sylve du Fá à travers une initiation minutieusement menée selon un rituel strict conduit par d’éminents Bòkɔń ɔ̀ou Babalawo. Les Fádù cardinaux, appelés « Meji » (deux en yoruba), sont constitués d’une duplicité de la même lettre, se répartissent en mâles et en femelles, et comportent des significations indiciaires et ésotériques.

Lɛgbà ̌

Lɛgbà est une divinité centrale dans la cosmologie vaudou, jouant un rôle essentiel en tant qu’intermédiaire entre les humains et les autres divinités vers l’Être Suprême. Sa fonction principale est celle de messager divin, transmettant les prières, les offrandes et les supplications des fidèles. Mais sa signification va bien au-delà de ce simple rôle de messager.

En effet, Lɛgbà incarne l’harmonie entre les opposés, symbolisant à la fois l’ordre et le désordre, la lumière et l’obscurité, le bien et le mal. Il est le point de convergence de toutes les dualités, agissant comme un médiateur entre les forces contradictoires de l’univers.

En tant que gardien du seuil, Lɛgbà veille sur les limites physiques et spirituelles, que ce soit celles des maisons, des villes, des marchés ou des temples dédiés aux autres divinités vaudou. Sa présence est indispensable pour ouvrir les portes de la communication avec le monde spirituel, permettant ainsi aux fidèles d’entrer en contact avec les forces divines.

Par ailleurs, Lɛgbà est souvent associé à la virilité et à la masculinité, incarnant la force et le pouvoir nécessaires pour maintenir l’ordre et la stabilité dans l’univers. Son lien entre le tangible et le spirituel en fait un symbole puissant de connexion entre le monde matériel et le domaine sacré, offrant aux adeptes du vaudou un pont entre ces deux réalités.

En résumé, Lɛgbà dépasse son rôle de simple messager pour devenir un symbole vivant de l’unité dans la diversité, de la médiation entre les contraires et de la puissance nécessaire pour traverser les frontières entre le monde terrestre et le monde spirituel.

Mami Wata

Dans la tradition vaudou, Mami Wata occupe une place prépondérante en tant que divinité liée aux océans et aux eaux profondes. Sa sphère d’influence se concentre principalement sur les énergies de la prospérité et de la fertilité, ce qui en fait une figure vénérée pour ceux qui cherchent la santé, la richesse et la fécondité.

Les fidèles de Mami Wata s’engagent dans des pratiques rituelles dédiées, cherchant à obtenir ses bénédictions à travers des offrandes généreuses, des danses rituelles et des cérémonies spécifiques. Ces rituels sont conçus pour honorer et communiquer avec cette divinité océanique, établissant ainsi un lien spirituel qui permet aux fidèles de recevoir ses faveurs.

La représentation de Mami Wata varie, mais elle est souvent décrite comme une figure féminine séduisante, parfois mi-humaine mi-poisson, symbolisant sa connexion étroite avec les profondeurs marines. Son image évoque la beauté, la puissance et la générosité des eaux, renforçant son association avec la fertilité et la prospérité.

Au sein de la communauté vaudou, la vénération de Mami Wata est profonde et continue à inspirer la dévotion des fidèles à travers des générations. Son pouvoir d’apporter la prospérité et la fertilité fait d’elle une figure incontournable dans la quête du bien-être matériel et spirituel pour de nombreux adeptes du vaudou.

Gɛ̀lɛ̀ ɖɛ̌:

Le terme « Gɛ̀lɛ̀ɖɛ̌ » trouve ses origines dans le yoruba, où « gèlè » signifie « coiffure, parure » et « ɖɛ̌ » signifie « arriver ». Ainsi, il peut être interprété comme « la parure coiffée arrive ». Bien que proclamé en 2001, ce n’est qu’en 2008 que le Gɛ̀lɛ̀ɖɛ̌ a été inscrit par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ce spectacle présente deux caractéristiques principales : son aspect ludique et ses répercussions thérapeutiques soutenues par la puissance d’Iyá.

Le masque Gɛ̀lɛ̀ɖɛ̌ symbolise la société K’áǎrɔ̀ transformée en une société de Gɛ̀lɛ̀ɖɛ. Quant au masque Gɛ̀lɛ̀ɖɛ̌ lui-même, bien qu’il puisse être monolithique, il est souvent composé d’un masque représentant une tête de femme yoruba, reconnaissable à ses traits ethniques caractéristiques authentiques. Ce masque est généralement surmonté d’une superstructure évoquant un spectacle particulier.

Cette représentation artistique et culturelle du Gɛ̀lɛ̀ɖɛ̌ reflète la richesse et la diversité du patrimoine culturel béninois. Elle attire l’attention sur l’importance des traditions et des pratiques culturelles dans le maintien de l’identité nationale et dans la transmission des savoirs ancestraux aux générations futures.

Zangbetɔ

Originaire de la culture Goun, le terme Zangbétɔ trouve son origine dans la combinaison de « zan », signifiant « nuit », et de « gbétɔ », qui se traduit par « gardien de nuit ». Il représente un ordre initiatique dont l’apparence diurne est incarnée par un masque en paille. Une fois la nuit tombée, le Zangbétɔ devient un gardien invisible, patrouillant dans les rues des quartiers pour dissuader les éventuels malfaiteurs. Cette fonction de gardien contribue à instaurer un sentiment de sécurité au sein de la communauté.

Ce rite initiatique revêt une importance capitale dans la culture Goun, symbolisant la protection et la surveillance nocturne des habitants. Le masque en paille utilisé lors des cérémonies diurnes est porteur de significations profondes, représentant la force et la vigilance nécessaires pour assurer la sécurité de la communauté.

La présence du Zangbétɔ la nuit offre un sentiment de réconfort aux habitants, sachant qu’un protecteur veille sur eux, même dans l’obscurité. Cette tradition ancienne renforce les liens sociaux et la solidarité au sein de la société, soulignant l’importance du respect des traditions ancestrales pour garantir la sécurité et le bien-être de tous.

Egungun

Le terme « Egún », issu du K’áǎrɔ̀ (yoruba), signifie littéralement « os, squelette », faisant référence à celui qui est mort et qui revient. « Egúngún » est ainsi la répétition de « Egún ». Dans certaines familles de l’Ájǎ-Tádó, Egúngún est une institution où, à la suite du décès d’un individu ayant mené une vie vertueuse, les membres de la famille décident de perpétuer son souvenir de manière immortelle. Cette béatification succède et institue à la fois une ancestralisation, telle qu’elle est généralement pratiquée dans les familles Gbè, et le culte des ancêtres.

Fondamentalement, le culte Egúngún et le culte des ancêtres représentent une même réalité religieuse dans l’Àjǎ-Tádó, soulignant que la première religion de l’humanité est indubitablement le culte des ancêtres, ce qui rappelle la scène de la pesée du cœur dans la conception égyptienne de l’immortalité des défunts.

Cependant, il existe une différence non seulement de fond, mais surtout de forme, entre le culte Egúngún et le culte des ancêtres dans le continuum dialectal Gbè. Alors que les deux cultes représentent le retour spirituel des morts parmi les vivants, Egúngún se manifeste plutôt non seulement par un retour physique, matérialisant ainsi l’esprit du défunt, d’où son aspect masqué. Ce masque donne lieu à la fois à une vénération et à un spectacle, ajoutant une dimension rituelle et théâtrale à la pratique religieuse.

Gabada

Le Vodun Ganbada est une entité vaudou très respectée et vénérée au Bénin, réputée pour son pouvoir de guérison et sa capacité à protéger contre les maladies. Les fidèles du vaudou se tournent vers Ganbada en faisant des offrandes rituelles et en récitant des prières dans l’espoir d’obtenir sa bénédiction et son soutien dans la lutte contre les affections physiques et spirituelles. Ganbada est également perçu comme un guide spirituel, offrant conseils et solutions à ceux qui recherchent des remèdes pour leurs problèmes de santé. Sa présence est considérée comme essentielle pour apporter réconfort et espoir aux personnes en quête de guérison et de bien-être.

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